Quelles conséquences pour les femmes ?
Les principales mesures de la réforme : le projet de loi a été présenté au Conseil des ministres du 23 janvier 2023 par Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, et par Olivier Dussopt, ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion :
1. Des inégalités déjà existantes... :
Les pensions de retraite sont calculées en fonction des salaires et de la longévité de la carrière, or les femmes travaillent davantage à temps partiel et ont davantage d'interruption de carrière et sont moins payées que les hommes.
Pour rappel :
- Elles reçoivent en moyenne 1274 euros de retraite par mois, soit 24 % de moins que les hommes (1674 euros).
- Si l'on considère les retraites de droit direct, c'est-à-dire celles versées au titre de l'activité passée, l'écart s'élève à 39 % pour les 65 ans et plus.
2. ...accentuées par la réforme des retraites 2023 :
En favorisant les carrières longues, la réforme des retraites viendra accentuer ces inégalités.
Par exemple, les femmes nées en 1972 travailleront en moyenne neuf mois de plus qu'en l'absence de réforme, contre cinq mois de plus pour les hommes. Celles nées en 1980 partiront à la retraite huit mois plus tard, contre quatre mois plus tard pour les hommes de la même génération.
Au total, il faut compter entre 6 et 8 mois de travail en plus pour le départ à la retraite des femmes après la réforme 2023 (c'est 2 à 4 mois pour les hommes).
Ainsi, la réforme des retraites viendra d'autant plus accentuer ces inégalités sans pour autant régler les écarts de salaire et la lutte contre la précarité.
Les femmes âgées sont les plus touchées par la précarité. Le Conseil d'orientation des retraites note que le taux de pauvreté des retraité·es augmente depuis 2016 pour les personnes âgées de plus de 65 ans qui vivent seules et parmi elles, il atteint même 16,5 % pour les femmes.
3. Une réforme qui promet une revalorisation des pensions plus favorable aux femmes, mais qui reste trop faible :
Le Gouvernement entend augmenter de 100 euros bruts par mois la pension de retraite minimale (1 200 euros bruts par mois), or, la revalorisation attendue sera effective seulement si l'intégralité des trimestres à temps plein ont été effectués, soit un total de 172 trimestres en 2027. Ainsi, avec un âge de départ repoussé à 64 ans, on peut imaginer que de nombreuses personnes n'iront pas au bout et n'auront pas tous leurs trimestres, particulièrement les postes les plus pénibles et précaires.
Même si, sur les 1,8 million d'assuré·es qui vont tirer profit de cette mesure, 60% seront des femmes, n'oublions pas que 28% des femmes travaillent à temps partiel, contre 8% des hommes. Ainsi, cette revalorisation de 100€ brut ne concernera pas toutes les femmes.
4. Des mesures qui ne concernent que trop peu de femmes :
La période des congés parentaux débloquait jusqu'alors 4 trimestres de cotisations pour les personnes concernées dans le cadre d'une carrière longue. Le texte de réforme des retraites 2023 va plus loin et prévoit d'allonger ces cotisations de 4 trimestres supplémentaires à deux conditions : pour pouvoir atteindre les 8 trimestres de cotisations de congé parental proposés par la réforme des retraites 2023,
Ainsi, cette mesure concernera environ 3000 personnes, un chiffre en décalage total avec le nombre de femmes prenant un congé parental durant leur carrière.